COMMUNIQUE DE PRESSE A L’ISSUE DE LA REUNION DE L’ASSEMBLEE EPISCOPALE PROVINCIALE DE KISANGANI (ASSEPKIS), DU 05 AU 07 MARS 2019
1. Sous la présidence de Son Excellence Monseigneur Marcel Utembi, Archevêque Métropolitain de Kisangani, Président de l’Assemblée Episcopale Provinciale de Kisangani (ASSEPKIS) et Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), les Evêques membres de l’ASSEPKIS se sont réunis à Kisangani du 05 au 07 mars 2019. Au cours de ces assises, ils ont examiné les rapports des maisons de formation ainsi que des autres institutions provinciales. Ils ont aussi passé en revue la situation qui prévaut dans les différents diocèses sur le plan sécuritaire et social. Ce faisant, cinq défis majeurs ci-après ont retenu leur attention.AU PLAN DE LA SECURITE
2. Les Evêques constatent que la situation sécuritaire s’est améliorée à certains endroits de la province ecclésiastique, notamment dans le Haut et le Bas-Uélé, ainsi qu’en Ituri. La prise de position et le plaidoyer tous azimuts des Evêques y ont beaucoup contribué. Cependant, malgré cette éclaircie, il subsiste encore des foyers de tension et des zones d’insécurité croissante. En effet, des groupes armés sont actifs en Ituri et à Tshopo. Le phénomène des coupeurs des routes sont signalés çà et là. La présence des réfugiés en provenance de certains pays voisins comme le Soudan du Sud et la République Centre Africaine suscite des inquiétudes. Les rebelles ougandais de la « Lord Resistance Army » (LRA) et les UDA (braconniers libyens) sont toujours actifs vers le nord du pays, et leurs incursions continuent à faire de nombreuses victimes au sein de la population locale. Les éleveurs Mbororos’installent de plus en plus sur le territoire congolais, et la présence d’autres éleveurs locaux devient une source d’insécurité pour la population dans les territoires de Watsa et de Rungu. De tels mouvements migratoires désordonnés font du Nord-est du pays, où le pouvoir de l’Etat est quasiment imperceptible à certains endroits, le ventre mou du territoire national qui peut se prêter facilement au risque de la balkanisation du pays. Les Evêques de l’ASSEPKIS invitent les nouveaux gouvernants à restaurer l’autorité de l’Etat et la sécurité dans cette portion du territoire national.
3. En outre, des conflits fonciers qui opposent les populations autochtones au pouvoir public provoquent un déplacement massif des habitants, sans aucune réponse à leurs revendications. C’est le cas notamment de la problématique du parc de la Lomami dans les territoires d’Ubundu et d’Opala. L’ASSEPKIS déplore le climat de violence qui entoure la gestion de ce dossier et elle recommande aux autorités compétentes d’associer étroitement ces populations autochtones dans la recherche pacifique de solution à ce problème.
Dans cette optique, l’ASSEPKIS s’engage à amener une étude approfondie des causes de l’insécurité, du phénomène migratoire désordonné ainsi que de l’exploitation abusive des ressources naturelles dans la région ‘minerais, pétrole, bois, etc.). Cette investigation sera effectuée avec le concours des Commissions Diocésaines Justice et Paix (CDJP) et des observatoires des Ressources naturelles (ORN).
LE PROCESSUS ELECTORAL
5. En rapport avec les élections du 30 décembre 2018, les Evêques constatent une profonde frustration au sein de la population. En effet, ce scrutin n’a pas répondu aux attentes du peuple congolais parce que les résultats ont été, malheureusement, biaisés. De même, on assiste, aujourd’hui, à une autre tricherie, celle qui consiste à monnayer l’accès au gouvernorat et au Sénat. Cette vaste campagne de corruption est une force de destruction massive pour tout le tissu national. En effet, que pourra-t-on attendre de bien de la part des responsables politiques, qui, sans honte, auront acheté les voix de leurs électeurs ?
Face à ce défi, l’ASSEPKIS, rejoignant la récente position du Comité Permanent de la CENCO (1), s’engage à poursuivre l’accompagnement du processus électoral en cours et à dénoncer toute forme de corruption et de fraude dans le chef des acteurs politiques à tous les niveaux.
LA RECONCILIATION ET LA PARTICIPATION
7. Les Evêques se sont également déclarés préoccupés par des signes de clivage perçus au sein de la société autour de certaines appartenances à caractères ethnique, politique ou autre. C’est pourquoi ils préconisent la mise sur pied d’une pastorale de réconciliation et de pacification dans tous les diocèses, en vue de promouvoir la cohésion sociale.
LA JEUNESSE
8. La jeunesse est en proie au chômage dans notre pays ; de ce fait, elle se trouve particulièrement exposée à la manipulation et à l’instrumentalisation par des leaders qui ne poursuivent que leurs intérêts égoïstes. Pour la prévenir contre ce danger, les Evêques ont résolu de renforcer la pastorale de la jeunesse, sans exclusion. Il s’agit d’une dynamique d’accompagnement de tous les jeunes, quelle que soit leur appartenance.
LA MALADIE A VIRUS EBOLA
9. Le phénomène Ebola est à nos portes ! Aussi, les Evêques estiment que l’Eglise, en sa qualité de servante de la vie en abondance, est concernée de près par l’expansion de ce fléau. Ils félicitent le dévouement de nombreux organismes et structures qui luttent contre cette maladie. C’est pourquoi, ils encouragent l’engagement de tous les chrétiens ainsi que de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté afin de prévenir et de combattre ce fléau dans le respect des valeurs éthiques chrétiennes.
10. Enfin, de façon spéciale, les Evêques expriment leur proximité et leur solidarité à l’égard de Son Excellence Monseigneur Melchisédech SIKULI, Evêque de Butembo- Beni, dont l’engagement pastoral remarquable contribue efficacement au combat contre cette redoutable maladie qui affecte particulièrement son Diocèse.
CONCLUSION ET SOUHAITS
Pour conclure les Evêques membres de l’ASSEPKIS recommandent à tous les fidèles catholiques, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté habitant dans la Province Ecclésiastique de Kisangani de retrouver confiance en eux-mêmes et de se remettre résolument au travail, en envisageant l’avenir avec espoir. Ils souhaitent à tous un fructueux temps de Carême, qui les prépare à célébrer la victoire du Christ sur toutes les forces du mal.
Que la Sainte Vierge Marie, Mère de l’espérance, ainsi que la Bienheureuse Anuarite, intercèdent pour nous, et que Dieu bénisse et protège la Province Ecclésiastique de Kisangani.
Fait à Kisangani, le 07 mars
Abbé Archange KAMPI
(Secrétaire de l’ASSEPKIS)
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